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samedi 23 juillet 2016

L'aventure, c'est l'aventure

Jean Marc m'a aidé à décharger tous mes sacs dans la rue qui grouillait de personnes heureuses de passer leur samedi soir sous la chaleur estivale. Aucune de ces personnes ne pouvait savoir ce que nous avions vécu, cette petite escapade intrépide ou simple en fonction des regards.
Pendant ce laps de temps, nous sommes sortie de l'agréable ordinaire pour aller parfois à la frontière que certain qualifierait du raisonnable. Nous avons survolé des paysages magnifiques, senti le quotidien des septentrionaux, poussé nos limites du savoir et parfois du stress. On a vécu autre chose, juste pour nous-même et ceux avec qui nous avons eu et aurons le plaisir de partager.

Il faut savoir atterrir. La dernière étape n'est jamais la plus simple, poussés par l'envie de rentrer ou debout sur les freins pour prolonger le plaisir. Elle peut être risquée.

Arrivés à Groningen après une avant dernière journée interminable, nous avons été accueillis à l'aéroport comme des VIP, mais en vélo, Pays-Bas oblige.
Après un sommeil de bébé, nous avons profité du brouillard local!
La tour ne voulais pas nous laisser décoller en dessous de 600 pieds de plafond (100 mètres).
J'ai fait demander si c'était ok à partir de 610. Pendant que nous visitions le terminal désert, le plafond a explosé d'au moins 50 pieds. Les bataves étant stricts et réglos, on a décollé pour friser les nuages pendant toute la traversée des Pays bas, de la Belgique et du nord de la France. Les locaux ont planté des éoliennes partout et même sur les polders ce qui génère quelques surprises de dernière minutes avec la faible visibilité.
Et puis on est entré dans l'espace aérien français, Jean Marc continuait à communiquer en anglais avec les contrôleurs aériens, peut être pour prolonger l'aventure. Ils n'ont été dupé longtemps.

Atterrissage à Rouen puis direction la côte atlantique à 7500 pieds, juste au dessus des nuages  pour profiter de la campagne française. Nous n'étions jamais allé aussi haut. Au dessus des nuages, l'air est d'huile, on a pu finir les Bountys, la friandise de l'aventurier que j'ai fait découvrir à jean Marc. 
C'est un peu trop sucré, ça fond facilement mais ça laisse un goût d'aventure, surtout entre les dents.
Encore un atterrissage à Royan, la base aéronautique de Jean Marc. Les pilotes locaux ont suivi notre humble aventure et cela génère un peu de fierté.
La dernière demi heure vers Yvrac, en évitant le survol de la centrale nucléaire, où Natacha et Marc nous attendaient avec du champagne.

C'était une formidable aventure, intense et belle, une découverte inoubliable du nord de la Norvège ( on a pas vu de sud ), pleine de surprises et de dépassements contre les éléments, le soleil de minuits et les blagues à deux balles.
Certaines se vivent en solitaire mais celle-ci n'aurait pas été possible sans l'équipage Santanas et Diabolo.

J'ai dépassé les 200 heures de vol et certaines compte bien plus que le tour d'un cadran.
Je projette déjà d'autres destinations au nord ou au sud voire à l'ouest pourquoi pas!

Sans le montrer, une larme a coulé au coin de mon œil gauche quand j'ai survolé le cap nord.
Il n'y avait rien d'exceptionnel dans cette réalisation mais je me suis dit que mon père aurait été fier de cette petite réussite futile, comme les médailles de mon frère ou les performances théâtrales de ma sœur.

La sagesse c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."

Oscar Wilde



Dans l'attente du départ : la danse du beau temps 

Répétition du décollage 

On était encore à peu près au point que vise mon nez  sur la carte! 

Les Pays Bas bas, très bas!


La stricte campagne batave 


Bingo 


Production bio au pays bas

Dans le port d'Rotterdam ....

Ciel, terre, polder 



LA FRANCE ( en mangeant des Bountys)


LA FRANCE ( plus de Bountys, car presque arrivés)


Marenne, ça sent l'écurie 

Sabatnas et Diabolo


Le Bounty air trip (on attend les sponsors)

Champagne 

vendredi 22 juillet 2016

Voir Bergen et mourir.. . En avion

Quelle journée!
Aucun paysage, juste des nuages.
Des gros, des petits, des sournois, des piégeurs, des stagnants, des volages, presque toute la panoplie sauf les terribles cumulonimbus.
Bien reposé, je me suis levé presque sans râler mais quand même en retard. 
En ouvrant les rideaux, inutiles pour cette première nuit noire, je me suis rendu compte que les sapins de la colline d'en face avaient disparu dans la brume. L'océan Atlantique avait envahi le territoire norvégien.
Nous avons donc attendu jusqu'à 11h avant de considérer un décollage potentiel. Quelle souffrance lorsque le sommeil manque!
Nuages, montagne et avion ne font pas bon ménage mais il fallait bien tenter quelle que chose.
Nous avons décollé en respectant bien les consignes de jean marc: un coller aux horloges (altimètre, badin-vitesse, compas, horizon artificiel) et l'autre coller à la carte en contact permanent avec le contrôle aérien, afin qu'ils retrouvent l'épave plus rapidement.
J'étais très enthousiasmé par cette nouvelle expérience mais la concentration a vite repris le dessus juste après le décollage alors que nous naviguions entre deux couches nuageuses au-dessus de la mer, à faible altitude, avec des îlots éparpillés.
Après une heure de perte de repère et de concentration nous avons passé Bergen, d'après la carte et nous sommes allés nous poser à Stavanger pour refaire le plein.
Nous avions prévu de survoler le plus grand fjord du monde mais les conditions étaient malheureusement pas réunies.
Les détails comptent parfois et plus spécialement en aviation.
Un bouchon de réservoir mal fermé a été la deuxième source de concentration.
Le réservoir gauche se vidait à toute vitesse, les nuages occupaient toujours le ciel et le seul aéroport de déroutement était fermé. Nous nous sommes posés. Nous avions évalué les différentes causes de la fuite et la découverte du bouchon d'essence pendu à sa chaîne nous a rassuré.
Nous sommes repartis vers Kristiansund pour refaire le plein avant la traversée de la mer du Nord au dessus de laquelle les sites météo annonçaient des orages.
Çe fut en fait une traversée paisiblement, en longeant le Danemark, le nord de l'Allemagne jusqu'aux Pays-Bas. 
Le pilote automatique était le troisième homme. Jean Marc a terminé son roman, j'ai regardé les nuages puisque nous ne voyons pas la mer que nous survolions.
Les nuages nous ont accompagné jusqu'à la destination finale, Groningen.

Nous n'avons quasiment rien vu du paysage et vécu une expérience intense et inoubliable pensant ces 6 heures de vol.

Fjord 
10h30. Cela fait 1h30 que l'on poirote à l'aérodrome le Florø. Je me ballade 

L'attente 

Après le décollage. On voit encore l'hélice !

Bergen, quelque part dessous 


Le pire, les quatre yeux collés aux cadrans et à la carte 


La sortie des nuages (juste avant le drame)

Le réservoir gauche se vide 

Arrêt d'urgence dans un aérodrome immense presque abandonné. Jean Marc cherche la fuite dessous avant de découvrir l'origine sur les ailes 

Journée blanche 

On garde l'appétit 

Ah un bout de Danemark mais ça n'a pas duré longtemps 


On a fini les bananes et risqué de perdre le cap 

Séance photo pour occuper les  trois heures de vol restantes 

Arrivée à Groningen. C'est la plus belle photo de la ville 

Demain survol des Pays Bas, suivi d'une traversée fulgurante de la Bekguque pour une arrivée triomphante à l'aérodrome international d'Yvrac à 18:00

jeudi 21 juillet 2016

La presque routine de l'aventure

On retombe toujours dans la routine, au moins sa forme positive, celle qui nous rassure, nous sert de guide.
Les voyages ont toujours représenté un cycle. On en rêve, peu à peu on ressent la réalité enjolivée de l'aventure potentielle. Ils se prépare avec la laborieuse concrétisation de tous les obstacles. On les vit avec toutes leurs dérives entre les rêves d'avant et le quotidien. Ils n'ont de but que la découverte d'ailleurs, des autres et de soi-même et puis ils reviennent comme des rêves éveillés quand on les a réalisés.

Pour revenir au quotidien, jean Marc prépare les plans de vols et puis j'appelle quand il faut les modifier, soit tous les jours ou presque depuis que nous sommes en Norvège. Je crois que le bureau central de la direction aéronautique sera content de nous savoir au Danemark demain si tout ce passe comme le plan de vol!
Aujourd'hui alors que nous visitions la ville de Molde, je les ai appelés pour retarder notre décollage. Ils m'ont répondu que nous étions déjà en vol, de notre côté nous dégustions une glace (28 degrés à l'ombre, les ours polaires doivent avoir chaud ).

Le matin je râle, fatigué, pas assez dormi avec toutes ces mouettes et ce soleil qui n'est pas assujéti à la courbe habituelle, trop de bière pour célébrer chaque soir la victoire quotidienne sur la machine et les éléments.
Après avoir confectionné notre déjeuner avec les ingrédients du petit dej ( ce nes't pas de notre faute s'ils servent du saumon le matin), nous partons en retard vers l'aérodrome (à cause de moi) et je dois appelé pour retarder le plan de vol, cqfd.

Bagages sur le siège arrière, je prépare l'intérieur de l'avion : 
- cartes qui n'ont jamais servi, puisque tout est sur iPad,
- cartes des aérodromes, très peu utilisées aussi, les pistes sont entourées par la montagne d'un côté et la mer sur les autres,
- les commandes, les cales, 
- je perds les clés 
- le pare-brise
- l'eau, les bountys, les gilets 
- je retrouve les clés 

Jean Marc vérifie l'avion et l'huile. C'est tout!
Heureusement que je suis avec lui!

Jean Marc contacte la tour de contrôle.
On comprend tout de suite qu'ils sont norvégiens et eux que nous sommes Français.
Je mets le moteur en route (encore moi) et jean Marc me donne les indications de roulage, le vent, sa force, sa direction, la température de l'air, l'ensoleillement, la pression atmosphérique... Oh là stop, ça fait trop il ne manque plus que la température de l'eau (on se sait jamais) et la hauteur de neige en bas des pistes (on se sait pas non plus).
Déjà que j'ai du mal à trouver la piste sauf si il y a un avion de ligne devant moi.

Après toutes ces détails, on décolle et c'est tout droit!
Enfin, c'est ce que je me disais en France  mais là ils ont collé plein d'îles avec des pitons rocheux et parfois des nuages au dessus pour rigoler un peu. Le tout droit peut donc être présomptueux.

Et jean Marc continue à parler à la radio, en changeant systématiquement de poste, du zapping radiophonique, pendant que je me bats avec les éléments et le sac de bounty que jean Marc a bloqué derrière mon siège.

On atterrit deux fois par jour si tout se passe bien. Moins ce serait signe d'une mauvaise nouvelle, potentiellement due à un défaut de compréhension de la liste des données mentionnées plus haut. Plus de deux une mauvaise nouvelle aussi car pas prévu.
On tient une moyenne irréprochable de 2.0000 atterrissages par jour.
Comme quoi l'équipe fonctionne bien.

A l'arrivée, il faut faire le plein et un Cessna ça consomme un peu plus qu'une Twingo. Il faut aussi discuter avec le préposer à la pompe qui arrive avec un camion citerne (je crois qu'ils exagèrent).
Après avoir enfilé un saillant gilet jaune fluo, on tente de trouver la sortie officielle de l'aérodrome. En fait il est assez simple de sortir mais plus difficile de rentrer en expliquant à l'hôtesse au sol que nous sommes venu avec notre avion.

Puis, le manège recommence, on parle de la journée, de pilotage, des paysages merveilleux, des mouettes et du soleil de minuit. On dépose les plans de vols, on change les hôtels, on boit des bières, on parle encore.
Et je râle au réveil.



A l'arrière, on n'aurait pas pris un passager en plus.
On peut voir le bouchon de la bouteille de lait (inutilisée)

L'avant, sans les pilotes.

Pas froid en Norvège 

Et bla bla et bla bla 
Joli gilet de sauvetage 

Apres le décollage de Bodø où j'ai mangé du homard (aucune relation mais j'avais oublié de l'indiqer dans le texte)

La Norvège est un pays sur pilotis.
Le pétrole a permis de financer les myriades de ponts et de ferries.
Le chauffeur de taxi de Molde m'expliquait qu'il devait conduire 9 heures pour atteindre Bergen contre 2 avec notre avion.

Nous sommes parti de Bodø pour Molde, plus de trois heure de vol avec des paysages merveilleux, moins abruptes qu'au nord, plus verdoyants, plus habités, sauf sur cette photo qui n'est pas du tout représentative.



J'en ai profité pour attraper un bounty à L arrière. Pour info, ce n'est pas moi qui pilote à ce moment, je crois.



On a retrouvé le cousin norvègien de Remy Bricka

Jazz festival de Molde : les jeunes artistes devant une foule en délire.

Il n'y aurait pas qlq nuages au fond?



En fait on a du virer à gauche (à l'est en venant du nord, je sais c'est difficile aussi pour moi parfois).
Le "bla bla bla" de la radio en Norvenglais mentionnait que la météo à Bergen n'était pas du tout estivale, voire "cracha pourrie" en langage technique.
Nous nous sommes donc posés à Florø, magnifique bourgade parce qu'on était fatigué et que ce n'était pas un bon jour pour la baignade forcée dans l'eau glacée habitée par des énormes baleines (qu'ils servent en carpaccio)



Demain, Bergen, la traversée du Danemark à la vitesse de la luftwaffe, les rivages de la mer du nord jusqu'en Zélande pour voir enfin le soleil se coucher... devant une bonne bière.

mercredi 20 juillet 2016

Retour du nord

Oulala, c'est... comment dire, à part, différent, exceptionnel voire improbable ment beau.

Le Cessna a donc entamé après une journée de repos, le retour vers des terres plus tempérées où il fait bon vivre.
En fait, il fait déjà bon vivre juste au nord du cercle polaire. A Bodø, les terrasses sont pleines, le soleil ne se couche pas pour accompagner un interminable apéritif, les gens déambulent en t-shirt (ils sont habitués aux froids polaires).

J'ai passé 36 h sur le tarmac de Honningsvår bien tranquille, arrimé aux pneus remplis de ciment. Ils m'ont laissé soufflé, cela fait quatre jours que je vrombis secoué assez souvent par les vents du nord, la pluie et les nuages.
J'étais quand même content de m'aligner ce matin sur la piste la plus au nord pour rependre du service. Gros vent et montagne de face, j'ai décollé comme un gamin en faisant des sauts de cabri, secoué par les rabattants.
J'ai survolé les denières plaines et falaises du nord avant de longer les fjords, de m'engoufrer dedans, juste sous les nuages, contre les montagnes.
Je crois qu'ils n'ont pas toujours été bien frais mes passagers pilotes surtout quand j'ai fait un raté au dessus de l'eau.
J'ai fait une halte à Tromsø, ils m'ont donné à boire, à ras bord et sont partis dejeuner dans la ville de Roald Amundsen, le fou qui a atteint le pôle sud . Je les ai attendu assez longtemps car la proposée aux accès à bord ne comprenait pas que le vol que j'effectuais vers Bodø ne soit pas affiché sur les écrans de l'aéroport international.
Alors je leur ai fait plaisir en survolant les innombrables fjords, les eaux turquoises, les crêtes. 
Il y a plus de villages, de champs, de vie. Les arbres ont refais leur apparition, le goudron aussi.
J'ai atterri derrière un Airbus et Ils m'ont parqué sur l'aéroport me disant qu'ils allaient visiter un musée mais je sais bien qu'ils sont partis boire une bière encore émerveillés par notre fabuleux vol. 
Ils l'ont mérité un peu même s'ils mangent en pilotant et qu'ils perdent les clés.
Demain je les amène à Bergen, peut être sous la pluie, ça les calmera!

Plus que 3200 km pour rentrer, en ligne droite 

Vent (fort) et montagne de face 

Denières pleines polaires 

Service à bord 

Les fjords


Arrivée à Tromsø 

Heureusement pas de nuages 

Les Caraïbes du pôle nord 

Presque touché 



Arrivée à Bodø

Roald Admusen, explorateur polaire norvègien ami dès mouette.