Jean Marc m'a aidé à décharger tous mes sacs dans la rue qui grouillait de personnes heureuses de passer leur samedi soir sous la chaleur estivale. Aucune de ces personnes ne pouvait savoir ce que nous avions vécu, cette petite escapade intrépide ou simple en fonction des regards.
Pendant ce laps de temps, nous sommes sortie de l'agréable ordinaire pour aller parfois à la frontière que certain qualifierait du raisonnable. Nous avons survolé des paysages magnifiques, senti le quotidien des septentrionaux, poussé nos limites du savoir et parfois du stress. On a vécu autre chose, juste pour nous-même et ceux avec qui nous avons eu et aurons le plaisir de partager.
Il faut savoir atterrir. La dernière étape n'est jamais la plus simple, poussés par l'envie de rentrer ou debout sur les freins pour prolonger le plaisir. Elle peut être risquée.
Arrivés à Groningen après une avant dernière journée interminable, nous avons été accueillis à l'aéroport comme des VIP, mais en vélo, Pays-Bas oblige.
Après un sommeil de bébé, nous avons profité du brouillard local!
La tour ne voulais pas nous laisser décoller en dessous de 600 pieds de plafond (100 mètres).
J'ai fait demander si c'était ok à partir de 610. Pendant que nous visitions le terminal désert, le plafond a explosé d'au moins 50 pieds. Les bataves étant stricts et réglos, on a décollé pour friser les nuages pendant toute la traversée des Pays bas, de la Belgique et du nord de la France. Les locaux ont planté des éoliennes partout et même sur les polders ce qui génère quelques surprises de dernière minutes avec la faible visibilité.
Et puis on est entré dans l'espace aérien français, Jean Marc continuait à communiquer en anglais avec les contrôleurs aériens, peut être pour prolonger l'aventure. Ils n'ont été dupé longtemps.
Atterrissage à Rouen puis direction la côte atlantique à 7500 pieds, juste au dessus des nuages pour profiter de la campagne française. Nous n'étions jamais allé aussi haut. Au dessus des nuages, l'air est d'huile, on a pu finir les Bountys, la friandise de l'aventurier que j'ai fait découvrir à jean Marc.
C'est un peu trop sucré, ça fond facilement mais ça laisse un goût d'aventure, surtout entre les dents.
Encore un atterrissage à Royan, la base aéronautique de Jean Marc. Les pilotes locaux ont suivi notre humble aventure et cela génère un peu de fierté.
La dernière demi heure vers Yvrac, en évitant le survol de la centrale nucléaire, où Natacha et Marc nous attendaient avec du champagne.
C'était une formidable aventure, intense et belle, une découverte inoubliable du nord de la Norvège ( on a pas vu de sud ), pleine de surprises et de dépassements contre les éléments, le soleil de minuits et les blagues à deux balles.
Certaines se vivent en solitaire mais celle-ci n'aurait pas été possible sans l'équipage Santanas et Diabolo.
J'ai dépassé les 200 heures de vol et certaines compte bien plus que le tour d'un cadran.
Je projette déjà d'autres destinations au nord ou au sud voire à l'ouest pourquoi pas!
Sans le montrer, une larme a coulé au coin de mon œil gauche quand j'ai survolé le cap nord.
Il n'y avait rien d'exceptionnel dans cette réalisation mais je me suis dit que mon père aurait été fier de cette petite réussite futile, comme les médailles de mon frère ou les performances théâtrales de ma sœur.
La sagesse c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." | |
Oscar Wilde | |